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Remontée files : le droit des motards en France expliqué

La circulation inter-files demeure interdite sur l’ensemble du réseau routier français, sauf dans le cadre d’une expérimentation limitée à certaines zones et sous des conditions strictes. Malgré la fréquence de la pratique, l’absence de reconnaissance officielle en dehors de ces périmètres expose à des amendes et à un retrait de points.

Depuis 2021, la réglementation évolue par zones et périodes, avec un encadrement précis du comportement attendu des motards. Les règles varient selon les départements, la configuration des voies et les circonstances de circulation. Les sanctions et les modalités d’application restent néanmoins mal connues d’une grande partie des usagers.

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Comprendre la circulation inter-files : une pratique spécifique aux motards

La circulation inter-files fait partie du quotidien de nombreux motards, surtout en agglomération et sur les grands axes saturés. Du périphérique parisien à l’A7 marseillaise, cette façon d’avancer entre deux files de voitures à l’arrêt ou roulant au pas s’est imposée, non par goût du risque, mais par nécessité. Pour les deux-roues motorisés et trois-roues motorisés, c’est une échappatoire face à l’immobilisme du trafic, un moyen aussi d’éviter la surchauffe moteur ou les chocs à l’arrière.

Concrètement, il s’agit de se faufiler dans l’espace laissé entre les voitures lorsque la circulation s’étire ou s’enlise. Mais tout se joue sur la vitesse : l’écart avec les voitures ne doit pas excéder 30 km/h, sinon le moindre geste imprévu, une portière qui s’ouvre, une voiture qui dévie de sa trajectoire, peut tourner à l’accident. Tous les motards le savent, la vigilance prime : le regard dans les rétroviseurs, les clignotants suspects, la posture des automobilistes, tout compte.

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La remontée de files ne s’arrête pas aux boulevards parisiens. D’autres axes connaissent le même ballet : adaptation à la configuration des voies, anticipation des réactions d’automobilistes, gestion constante des angles morts. Pour éviter l’accident, il faut lire le trafic comme un livre ouvert, décoder chaque mouvement autour de soi et toujours anticiper.

Pour beaucoup d’automobilistes, la circulation inter-files ressemble à une prise de risque inutile, voire à une forme d’anarchie. Pourtant, cette pratique obéit à des règles tacites, fruits de l’expérience et de la prudence. Les motards expérimentés savent précisément quand il est pertinent de s’engager, et surtout quand il vaut mieux patienter. Ce n’est pas de l’improvisation, mais un choix raisonné entre fluidité et prudence.

Où en est la législation française sur la remontée de files ?

Sur le plan légal, la circulation inter-files navigue toujours dans une zone d’incertitude, même si le sujet a connu plusieurs rebondissements ces dernières années. Le code de la route ne prévoit aucune reconnaissance explicite de la remontée de files à l’échelle nationale. Pourtant, de 2016 à 2021, une large expérimentation circulation interfiles a vu le jour dans onze départements, dont Paris, l’Île-de-France, les Bouches-du-Rhône, le Rhône, la Gironde, la Haute-Garonne, l’Hérault, l’Isère, la Loire-Atlantique, le Nord et le Var. L’objectif ? Encadrer la pratique et analyser ses conséquences sur la sécurité routière.

Au terme de cette expérimentation, les pouvoirs publics ont dressé un constat mitigé. Les comportements dangereux n’ont pas disparu, et la confusion demeure. Résultat : la circulation inter-files reste globalement interdite, à l’exception de nouveaux essais ou de signalisation spécifique. Par endroits, une tolérance locale subsiste, mais le flou règne d’un département à l’autre, d’une portion de route à l’autre.

Pour mémoire, voici la liste des départements concernés par l’expérimentation :

  • Île-de-France (Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Yvelines, Essonne, Val-d’Oise, Seine-et-Marne)
  • Bouches-du-Rhône
  • Gironde
  • Haute-Garonne
  • Hérault
  • Isère
  • Loire-Atlantique
  • Nord
  • Rhône
  • Var

Les motards doivent donc composer avec une réglementation en mouvement permanent, tiraillée entre interdiction nationale et initiatives locales. Difficile donc de s’appuyer sur une règle uniforme : chaque département, chaque axe routier interprète le code de la route à sa façon concernant la remontée de files.

Ce que changent les nouvelles réglementations pour les usagers

Les récentes évolutions réglementaires tendent à préciser le cadre de la circulation inter-files. Désormais, la vitesse maximale autorisée lors d’une remontée de files ne doit pas dépasser 50 km/h, et uniquement sur les axes équipés d’un terre-plein central, réservés aux deux-roues motorisés et trois-roues motorisés. Cette limite cherche à réduire les risques, particulièrement quand le trafic est dense et la visibilité aléatoire.

En cas d’infraction, la sanction tombe vite : amende de 135 euros et retrait de points sur le permis. Les compagnies d’assurance, elles aussi, surveillent ces comportements de près. Un accident survenu lors d’une circulation inter-files hors cadre légal peut entraîner une réduction, voire un refus d’indemnisation, surtout si la vitesse maximale a été dépassée ou si la manœuvre a lieu en dehors des zones autorisées.

En cas de litige, la loi Badinter sur l’indemnisation des victimes d’accidents de la route joue un rôle. Mais si le conducteur de deux-roues commet une infraction évidente, sa responsabilité peut être engagée. Les blessures ou dégâts matériels survenus lors d’une remontée de files non conforme à la réglementation relèvent alors du régime des blessures involontaires ou, dans les cas les plus graves, d’homicide involontaire.

Pour éviter les mauvaises surprises, il est indispensable de connaître les zones où la circulation inter-files reste tolérée et d’appliquer scrupuleusement les règles de prudence. La sécurité routière ne dépend pas que du règlement, elle repose sur la responsabilité partagée de tous les usagers, motards comme automobilistes.

motard sécurité

Adopter les bons réflexes : conseils pour une inter-files plus sûre

Les motards expérimentés en sont convaincus : chaque instant passé en circulation inter-files réclame une vigilance de tous les instants. Maîtrise de la trajectoire, gestion du rythme, anticipation : rien n’est laissé au hasard. Mieux vaut rester sous la barre des 50 km/h, même si la tentation d’accélérer pour gagner du temps est grande.

Sur les voies de circulation séparées par un terre-plein central, la réglementation ne tolère le passage qu’entre les deux files les plus à gauche. Dans cette configuration, la prudence s’impose : surveillez les rétroviseurs, anticipez les intentions des automobilistes, et signalez votre présence avec discernement, par un appel de phare ou un bref coup de klaxon. L’attention visuelle reste, de loin, la meilleure alliée, bien plus que n’importe quel gadget connecté.

Voici quelques points clés à appliquer pour circuler entre les files en toute sécurité :

  • Positionnez-vous de façon à rester bien visible dans les rétroviseurs des voitures.
  • Maintenez une distance de sécurité suffisante pour faire face à l’imprévu.
  • Soyez particulièrement attentif aux angles morts, notamment à proximité des poids lourds et des utilitaires.
  • Adaptez votre conduite en fonction de la météo et de l’état de la chaussée.

Les moto-écoles insistent sur un point : l’anticipation et le regard au loin font toute la différence. On ne s’improvise pas maître de la remontée de files du jour au lendemain ; cela s’apprend, patiemment. Les chiffres sont clairs : la plupart des incidents surviennent lors de gestes brusques ou d’un manque de communication entre usagers. Ici, la courtoisie et la retenue sont des alliées précieuses. Prendre le temps d’évoluer entre les files, c’est choisir la sécurité plutôt que la précipitation. Quitte à arriver un peu plus tard, mais entier.

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